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LA VIDA FIN FINALA

RENAT SETTE & GIANLUCA DESSÌ

Depuis 1993, Renat Sette collabore avec le poète et historien Jean-Yves Royer. Compagnons de route sur les terres occitanes et principalement en Haute-Provence, ils ont travaillé sur le répertoire traditionnel occitan, les collectages dans le pays de Forcalquier (livres-cd « Cantar » aux éditions Alpes de Lumière).

Cette collaboration de trente ans a pu enrichir de nombreux spectacles de Renat.

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La liste est longue pour évoquer ces rencontres musicales : 

En Provence (« Cantar », « Enamorada Madalena »...) mais aussi le Piémont (Dona bèla, Baia trio), la Sardaigne (« Amada » avec le duo Elva Lutza), la Bretagne (« Chants de Bretagne et d'Occitanie » avec Yann Fanch Kemener)...

Par ailleurs, passionné de poésie, Renat avait déjà mis en musique des poètes contemporains comme Serge Bec, Guy Mathieu...  C'est donc tout naturellement qu'il a composé, façonné ces 18 poèmes extraits du recueil  « Les temps passats » de Jean-Yves Royer.

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Pour ce faire, il a choisi parmi ses compagnons de musique son ami et guitariste sarde Gianluca Dessì.Habitué à l'accompagner sur de nombreux concerts en France, Italie, Espagne.. celui-ci a créé les arrangements. Son jeu de guitare accompagne le chant ; guitare et voix font corps au service du texte.

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Renat Sette et Gianluca Dessì ont puisé leur inspiration dans un univers très personnel avec des touches de musiques traditionnelles et une expression plus contemporaine. Le répertoire est exclusivement composé de sonnets.

Ils racontent les émotions du poète, son rapport à l'enfance (« L’Odor de Sampechier », « Vaqui que Siam en Mai »), aux amours (« La Luna », « Lo Còp Venent Venguet ») ; un accent particulier est porté sur le cœur (« Un Còr Passit » , « T’escoteles »). Il évoque aussi ses états d'âme sur la vie (« La Vida Fin Finala »), la parole…

 

En savoir plus

1. La Vida
00:00 / 02:28
2. La Luna
00:00 / 02:35

LE CHANT-POÈME DE RENAT SETTE

Depuis qu’il chante, Renat Sette reste fidèle à sa « draille » qui épouse les paysages d’une Provence secrète et celle d’une terre plus mythologique qui renvoie à Virgile. Autre constance de l’ex-caladeur (spécialiste en pierre sèche), son rapport à la matière. Hier, celle des rues et des murs, désormais celle du chant avec son grain, sa texture, ses plis, les sédiments des sentiments. Dans sa transhumance onirique, depuis trois décennies, il a trouvé un compagnon d’équipage : l’historien-écrivain Jean-Yves Royer, ardent valorisateur de la culture occitane, avec lequel il collabore sur le chant populaire provençal.

 

Retrouvailles ici. Le premier avec des poèmes. Le second avec leur mise en bouche. Soit dix-huit sonnets tirés du recueil Les temps passats (Jorn, 2006) comme des lucarnes sur la vie. Des textes dans lesquels se déploie une parole poétique imagée et sensuelle, une veine baroque et des métaphores surprenantes : du chiron (ver) qui ronge la poutre ou le cœur à la boule dans un flipper qui roule jusqu’au destin final, en passant par le sampechier (sureau), symbole d’un passé enfui.

 

Porté par la musicalité des mots, de la ponctuation, des allitérations, des climats graves ou gais des sonnets, Renat Sette déploie une panoplie et de modulations, toniques, silences, que souligne le sarde Gianluca Dessì à la guitare et à la mandoline.

 

Rif de valse ici, forme de blues là, écho d’une bourrée ou accents siciliens... un parti-pris minimaliste qui permet au lyrisme de Jean-Yves Royer, fort proche de celui de certains poètes grecs ou latino-américains, d’exprimer ici tout son réalisme magique.

 

Frank Tenaille.

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Un disco bellissimo questo “La Vida Fin Finala” di Renat Sette e Gianluca Dessì. Il disco di sole voce e chitarra acustica (un pianoforte appare a colorare in filigrana un solo brano) più bello da me ascoltato da lustri al fianco di quel miracolo che fu nel 2020 “From There To Here” di Jacqui McShee e Kevin Dempsey.

Cantato nella variante provenzale della lingua occitana da un Renat Sette ispiratissimo e la cui voce, nella sua emozionante dolcezza, si è fatta più ruvida, bassa, scura ed evocativa rispetto a come la ricordavo nel suo lavoro con gli Elva Lutza, spande magia da ogni solco.

Renat Sette canta con un trasporto ed un coinvolgimento emotivo che fanno di questo lavoro una sorta di coronamento, di porto di approdo dei decenni di studio, ricerca e preziosa trasmissione orale della cultura provenzale alla quale si è instancabilmente dedicato.

Alla chitarra Gianluca Dessì è un gigante. Sa rendere leggero e straordinariamente attuale il fardello dei suoni folk del mondo esplorati in una vita, tenuti insieme dalla lezione dei grandi del folk revival anglo-sconto-irlandese e bretone. La stessa loro classe ed eleganza, lo stesso rispetto che ha chi la tradizione la ama, la studia e la vive. E la stessa loro giovane sfrontatezza, quella di chi la tradizione distrugge nel reinventarla dandole vita eterna. E non è solo una questione di tecnica, che pure c’è ed è eccelsa. E’ la finezza del timbro, la riconoscibile originalità dell’accento, il tocco, la tavolozza cromatica del suono che dipinge col vibrare delle sue corde.

Sentite la cristallina meraviglia chitarristica di “Balalin Balalan” e di “Vaquí Que Siam En Mai” e la zampata mediorientale di “La Paraula Es Un Niau” per capire ciò che intendo.

E poi i due gioielli del disco messi in apertura, la title track e, sopratutto, quel capolavoro che è “La Luna EI Di Son Plen”.

Lente, profonde, dark, profumano di sabba notturni, catari in rivolta e di bandiere rossonere che sventolano alla Repubblica della Maddalena in Val di Susa.

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Antonio Canu Lavena

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Ceux qui ont de bons souvenirs se souviendront du début de cette histoire musicale : en live au Salon du Livre de Turin en 2012 puis avec « Amada » en 2014, occasions de faire germer la collaboration entre le chant provençal de Renat Sette et la musicalité de Gianluca Dessì entre guitares et mandolines. Dans "La vida fin finala", leur art est entièrement au service du sonnet et de la musique provençale, près de soixante ans après le premier enregistrement de musique populaire en langue d'oc (ouvrage de Broglia sur les vers de Robèrt Lafont enregistré à Nîmes en 1965) qui a ouvert la porte à un répertoire musicaltrès grand aujourd'hui. Dans ce contexte, Renat Sette se démarque par la profondeur avec laquelle il sait adapter la musique aux poètes contemporains, de Serge Bec à Guy Mathieu. C'est un art qu'il sait insuffler au fil de ses nombreuses rencontres musicales : en Provence avec Pierre Bonnet ("Cantar", "Enamorada Madalena"), ou encore avec Patrick Vaillant et Bijan Chemirani., mais aussi dans le Piémont ("Dona bèla", "Baia trio"), en Sardaigne ("Amada" avec le duo Elva Lutza), en Bretagne ("Chants de Bretagne et d'Occitanie" avec Yann Fanch Kemener). Avec l'historien et poète Jean-Yves Royer (également chevrier, peintre, sculpteur, occasionnellement carillonneur) il noue une collaboration de trente ans, surtout pour des recherches qui voient la langue et la culture occitane comme protagonistes en Haute Provence, à commencer par Forcalquier. , où est né Royer. À plusieurs reprises, leur compréhension a enrichi les répertoires et les performances de Renat Sette et, en 2016, le film « Balat », inspiré de l'œuvre poétique de Jean-Yves Royer, a vu ses vers chantés par Renat Sette accompagné au piano par Olivier.

 

Maurel. Le moment semble désormais propice pour distiller les sonorités qui se cachent parmi les sonnets de Royer : Renat Sette, avec Gianluca Dessì, en a tiré dix-huit chansons : l'occasion de l'interroger sur cette œuvre et au-delà. 

 

Pouvez-vous nous raconter la genèse et l'évolution de votre collaboration avec Jean-Yves Royer et de ce nouvel album ?

Il y a trente ans, en 1993, je commençais à chanter en provençal. J'avais entendu parler de Jean-Yves Royer, historien, poète, médiéviste et grand connaisseur de la culture provençale et occitane en général. J'ai décidé de le rencontrer et je suis allé chez lui avec ma guitare. J’ai vite compris qu’il y avait beaucoup de travail à faire, mais cela lui a plu et cela m’a plu. J'ai commencé à améliorer la langue et nous passions les soirées chez lui avec des amis à l'écouter et à parler de plus en plus de choses. D'un point de vue musical, la première chose que nous avons faite a été de travailler sur le répertoire provençal recueilli par Damase Arbaud (les recueils de 1850), notamment sur les romances. De là est né notre premier album (1997) enregistré avec le guitariste Pierre Bonnet (duo Cantar), un répertoire revisité, avec les textes de ces recueils restaurés par Jean-Yves. Puis, en 1998, le trio avec Patrick Vaillant et Bijan Chemirani. C'est à cette période que j'ai également développé une activité solo a cappella, ce qui m'a amené à réaliser de nombreux concerts dans des chapelles et des festivals. Parallèlement, je commence à collaborer avec des musiciens et chanteurs de la région Occitanie, mais aussi d'autres régions et pays : Yann Fanch Kemener, Maurizzio Martinotti, Montanaro, Gianluca Dessì et beaucoup d'autres. Pour tous ces projets, Jean-Yves a participé en adaptant les textes, en les traduisant, en contribuant à la création des chansons. Jean-Yves et moi avons également travaillé dur pour collecter la musique des anciens de Haute Provence. Un projet Recordance avec l'association Cantar s'est conclu par une visite du domaine des vendanges avec 25 concerts, un livre édité par Alpes de Lumières et un album de chansons enregistrées chez les particuliers. Après toutes ces années de collaborations, j'ai naturellement eu envie de faire un projet plus personnel, créer des mélodies basées sur les poèmes de Jean-Yves. Cela s'est déroulé en deux phases : un premier projet de film-concert, « Balat », qui a vu le jour pour seulement trois festivals puis s'est arrêté. Il y a trois ans j'ai eu l'idée de retravailler certaines de ces chansons,

 

Comment avez-vous choisi les paroles à travailler musicalement ?

Après avoir lu le recueil de Jean-Yves, je me suis laissé emporter par la musicalité des paroles, essayant de varier les mélodies pour obtenir un ensemble de dix-huit morceaux. « Balalin balalan » a été le premier poème pour lequel j'ai composé la musique. Auparavant, j'avais écrit les mélodies des poèmes (en vers libres) de Serge Bec et mes collègues s'étaient occupés des arrangements. Un soir, lors d'un concert à Apt, Jean-Yves est arrivé et au retour il m'a dit : Pourquoi n'écris-tu pas aussi de la musique pour mes sonnets ? (ça lui paraissait plus simple de mettre en musique des vers aux formes régulières, je ne suis pas sûr...).

Je suis resté éveillé cette nuit-là et le lendemain matin j'ai mis en musique le premier sonnet. Depuis, j'ai composé la musique d'une trentaine de sonnets, dont dix-huit figurent aujourd'hui dans cet album. Entre autres, « Un còr passit passava » offre un exemple typique d'allitération qui ponctue la mélodie : passit passava a d'apasset, espi/nós des campàs. Je mets l'accent et les répétitions sur le mot voudriáu (je voudrais), en l'isolant dans « Voudriáu èsser l'erbum » pour que la suite sonne comme une réponse, pour évoquer une transformation, un chemin d'initiation... Il y a pas de vers religieux dans son recueil, mais pour les souvenirs d'enfance de « Vaquí que siam en mai », lorsqu'il accompagnait sa grand-mère à l'église, j'ai cherché une mélodie plus contemplative, plus sacrée, comme les odeurs et les volutes de fumée qui se mélangent l'air pour atteindre le ciel. "Lo còp ventent venguet" évoque la musique d'un voyage que j'ai fait avec Jean-Yves, dans les domaines, ou dans les vallées italiennes, et je connais bien sa prédilection pour les itinéraires le long des petites routes agréables et sans fin, les bons restaurants... Dans « Au fliper dau cafè » avec la mélodie j'essaie de faire le zig- comme la progression entendue - le zag de la balle dans un flipper, ou cela pourrait même être la démarche d'un ivrogne vers sa destination. La mélodie de « Espoutit dins la fanga » offre la dualité entre la partie narrée et la valse de la réponse qui évoque le pauvre cœur qui finira écrasé.

 

De quelle manière et dans quelle mesure ces chansons racontent-elles la Provence ?

Jean-Yves raconte essentiellement son monde, de l'enfance à aujourd'hui, dans son village natal de Forcalquier. J'ai vécu dans cette région pendant 25 ans, donc je la connais bien. C'est une Provence qui n'est pas au bord de la mer, qui n'est pas vraiment à la montagne, qui n'est même pas urbaine, une Provence que je dirais profonde et secrète.

 

 

Quels sont les éléments de continuité et quelles sont les nouveautés dans votre relation avec Gianluca Dessì dans la production de la musique de ces 18 chansons ?

J'ai rencontré Gianluca il y a une quinzaine d'années et nous travaillons ensemble depuis dix ans. De là est né le projet d'album "Amada" et quelques concerts (avec le trompettiste Nico Casu et, parfois, avec la chanteuse Ester Formosa). Pour ce projet plus personnel et intimiste, j'ai demandé à Gianluca de s'occuper des arrangements. J'ai senti que sa façon particulière de jouer convenait bien à cette création. Ce n'est pas quelque chose qu'il a l'habitude de faire ; il est plus familier avec la musique traditionnelle, même si, parfois, beaucoup revisitée. Il fallait ici construire le côté moderne du répertoire et pour lui, comme pour moi, il fallait trouver un lien, une conception de notre culture teintée à la fois de musiques traditionnelles et d'expressions plus folk-rock.

 

Aurons-nous la chance de vous écouter live en Italie dans un futur proche ?

Nous y travaillons, et après huit concerts en France entre septembre et novembre, nous devrions jouer à Rome et à Latina fin novembre.

 

Vous souhaitez partager avec nous un souvenir de Maurizio Martinotti ?

Il y a beaucoup de souvenirs, car nous avons tourné ensemble dans les années 2000 en Italie, en France et en Espagne, et nous avons aussi fait une petite tournée au Sénégal. C'était un excellent mélodiste, arrangeur et joueur de vielle. Outre la musique, j'ai adoré sa passion pour la gastronomie et le bon vin, ainsi que son sens de l'humour parfois effrayant ; ses petites phrases, par exemple, quand nous étions en tournée dans le Piémont, plusieurs jours dans le brouillard, le matin il disait "il pleut mais... il fait froid".

 

 

Renat Sette & Gianluca Dessì – La vida fin finale (Felmay, 2023)

 


Quatorze vers hendécasyllabiques répartis en deux quatrains et deux tercets. Celui avec le sonnet est une sorte de jeu d'échecs dans lequel la structure qui héberge les vers demande des mouvements finaux et intermédiaires en rime. Il s'agit d'une forme de chanson qui, dans "La vida fin finala", voit les paroles de Jean-Yves Royer rencontrer les compositions et arrangements musicaux proposés par un duo soudé : Renat Sette et Gianluca Dessì, impeccablement soutenus par Jens Krause qui, dans En plus au niveau de la prise son, il propose piano et basse si besoin. Pour trois des chansons, Renat Sette a choisi une interprétation a cappella : « Voudriáu », « Au flipper », « Raiada d'odi » sont bien répartis parmi les quinze autres, coupant presque l'ensemble de l'œuvre en quatre tranches, rapportant trois fois dans le centrer la voix nue dans toutes ses nuances. En plus de donner son titre à l’album, «La vie finit en finale» l'introduit avec un mélange impeccable, sous forme de ballade, d'énergies musicales et de pas de danse pour enchaîner des vers qui savent affronter les contradictions et les tristesses de la vie, comparée dans son essence aux peurs et aux rêves d'un futur enfant éternel. . Déjà la deuxième pièce, "La luna ei dins son plen", exprime aussi en musique les angoisses que Royer sait savamment filtrer à travers des mots et des métaphores toujours soigneusement choisis : dans ce cas la pleine lune ne manque pas de faire le vide dans le âme de ceux qui l'observent. Dans « Les temps passats / Les temps passés », publié en 2006 avec la traduction en français des textes en regard du même auteur, Royer a rassemblé 151 sonnets qui savent maintenir ensemble les incrustations baroques, un langage poétique qui sait jouir le quotidien, les plaisirs de la table et du lit, métaphore ponctuelle. Au milieu de la programmation, "La paraula es un niau" propose un arrangement plus délicieusement énergique et méditerranéen, un pont entre la Grèce et la Sicile, rappelant dans les vers que "la parole est un appât et la vie nous attend sur le perchoir, sans que tu puisses savoir s'il pondra un œuf ou s'il continuera à couver ton désir." La sélection opérée par Renat Sette est respectueuse du goût souvent amer du texte, mais aussi de ses différentes veines, dont la tendance ternaire et dansante de pièces comme le dansant et gay (malgré le texte triste) "Coma pèira au molin" et la valse « Un ostau escondut », parmi les quelques moments plus explicitement joyeux, égayés par un refrain chanté uniquement avec un « la-la-la », joyeux rebondissement entre les deux musiciens : Renat Sette avait demandé à Gianluca Dessì de l'interpréter avec la mandoline, mais dans l'arrangement de ce dernier, la voix est à nouveau le protagoniste. La rencontre des vers et de la musique est impeccable pour mettre en valeur la capacité d'accorder ses sens aux petites merveilles du quotidien, un thème clé qui part du sureau qui appelle l'odorat dans "L'odor dau sampechier", un hommage de Royer au rapport à la grand-mère et à travers elle à la langue provençale, aux histoires du passé, aux comptines, aux plantes, à la cuisine, saveurs que ces sonnets-recettes musicales sont comme par magie encore capables de nous offrir. 

 

 

Alessio Surian

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